Aller au contenu

Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/480

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
472
LA PLANÈTE MARS.

Acidalienne et du Lac Niliacus. J’ai vu le Nilokeras presque toujours très large, sombre et diffus vers le Sud ; il paraissait simplement un éclaircissement du Lac Niliacus qui se prolongeait jusqu’au Lac de la Lune ; le 19 janvier seulement, je pus voir le Nilokeras assez mince et net, mais entouré d’un estompage.

Jamuna, très faible et estompée. La région de Chrysé très claire. Le Gange, large et peu foncé ; le Lac de la Lune, pâle, rougeâtre et de grandes dimensions. Si l’on compare mon planisphère avec les dernières Cartes aréographiques de M. Schiaparelli, on verra tout de suite que dans cette région et d’autres il y a de très sensibles changements de position. Pour ma part, je dirai seulement que dans le tracé de mon planisphère, à part les positions aréographiques de quelques points fondamentaux que j’ai pris à M. Schiaparelli, j’ai suivi exclusivement mes dessins et sans aucune idée préconçue. Je crois qu’il faut beaucoup éviter dans ces observations les erreurs de système, lesquelles sont, comme on le sait, les plus redoutables dans la Science. Dans cette pensée, j’ai adopté toujours la règle de ne jamais regarder une Carte aréographique avant d’avoir fait d’abord mon dessin.

Dans la Mer Érythrée, on voit des bandes blanchâtres quelquefois assez brillantes : ce sont des terres australes.

Nous arrivons maintenant à une région étendue dans laquelle presque tous les détails ont été extrêmement difficiles. J’ai pu heureusement profiter d’images excellentes, mais bien insuffisantes certainement pour déceler avec précision ces ombres qu’un œil exercé a peine à saisir. Telles ont été Thaumasia (sombre), Agathodæmon, le lac Tithonius, le lac du Phénix, Nectar, Chrysorrhoas, Nilus, Ceraunius, etc., et même le Lac du Soleil, extrêmement difficile aujourd’hui, et si foncé et si facile autrefois ! La plupart de ces détails sont des estompages faibles et mieux visibles en position excentrique.

En revanche, les régions d’Ophir et Tharsis blanchissaient en s’approchant du méridien central, ce qui, dans ce cas, indiquerait que cette blancheur est particulière au terrain et non pas due à un effet de nuages.

La grande région continentale, comprise entre le méridien d’Aonius Sinus et celui du Trivium Charontis, a été aussi d’une observation très difficile, malgré les images très belles que j’ai eues quand cette face fut visible (commencement de février). Le Nodus Gordii a été un estompage impossible à définir, malgré tous mes efforts. Par moments, j’ai soupçonné dans ces régions de très petits détails foncés, mais si fugitifs qu’on ne pouvait les préciser. Tous les canaux de cette vaste contrée étaient très faibles, très diffus et très larges ; on ne voyait plus que de grandes bandes estompées. Sous cet aspect j’ai vu le Sirenius, le Gorgon, l’Eumenides (?), le Pyriphlegethon, l’Orcus, le Titan, le Tartare.

Trivium Charontis ne s’est pas montré aussi foncé qu’en 1896-1897, mais toutefois assez sombre et avec un point noir central ; Cyclops très pale. Devant l’embouchure du Cyclops, dans Mare Sirenum, on voyait, par moments, une très petite tache noire ; cette mer n’offrait aucune particularité notable. J’ai vu Atlantis avec sûreté une fois seulement, le 6 septembre, lorsque le diamètre apparent de la pla-