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Page:Flat - Essais sur Balzac, 1893.djvu/270

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CHAPITRE VIII.

elle ne s’est jamais départie. Birotteau voit toutes choses à travers le prisme de son ambition, et cet homme qui avait amassé une fortune grâce à la plus stricte économie, à la plus sage prudence, qui avait mis vingt années à se constituer un capital, en vient à ne plus calculer, à compter sur les chances problématiques des spéculations pour combler le vide de sa caisse. En même temps que ses ambitions augmentent et que sa ruine se prépare, ses prétentions vaniteuses se dessinent plus nettement ; la phraséologie de son langage prend les proportions du haut comique. Elle se manifeste en traits inoubliables qui sont demeurés typiques et presque proverbiaux. Il va trouver Vauquelin, le célèbre chimiste, pour lui faire part d’une découverte, lui demandant ses conseils avant de l’appliquer à son industrie. — » Vois, mon garçon, dit-il à Popinof, le commerce est l’intermédiaire des productions végétales et de la science. Angélique Madon récolte, M. Vauquelin extrait, et nous vendons une essence. Les noisettes valent cinq sous la livre. M. Vauquelin va centupler leur valeur, et nous rendrons peut-être service à l’humanité, car si la vanité cause de grands tourments à l’homme, un bon cosmétique est alors un bienfait… Sois respectueux, Anselme, dit-il en entrant dans la rue où demeurait Vauquelin, nous allons pénétrer dans le sanctuaire de la science. » Lorsque l’ancien juge consulaire reçoit la décoration et qu’il revient chez lui après avoir été présenté à M. de Lacépède, le grand chancelier : — « Ma femme, dit-il, M. de