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Page:Flat - Essais sur Balzac, 1893.djvu/310

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chapitre x.

avec le cadre où on l’a placée ; il faut que rien n’advienne qui aille contre la thèse soutenue ; et si par hasard un détail surgit, de nature à amoindrir l’effet attendu, le romancier doit ou l’atténuer, ou le faire disparaître. Le résultat est donc parfois une altération, une déformation nécessaire du type psychologique. Nous aurons à le montrer au cours de cette étude, et s’il faut reconnaître que la chose se présente rarement dans l’œuvre de Balzac, il convient de noter qu’elle est manifeste dans le roman dont nous allons étudier la portée sociale.

L’idée maîtresse qui a donné naissance à cette création se trouve déjà en germe dans la phrase citée plus haut ; sa portée définitive et son but seront mieux connus, si nous complétons la citation de Balzac : — « On voit bien qu’aucun de ces Érostrates n’a eu le courage d’aller au fond des campagnes étudier la conspiration permanente de ceux que nous appelons encore les faibles contre ceux qui se croient les forts… Il s’agit seulement d’éclairer, non pas le législateur d’aujourd’hui, mais celui de demain. » — Ne revêt-il point le caractère d’une inquiétante et sinistre prophétie, à la fin de ce siècle où les problèmes sociaux s’imposent à nos esprits troublés, ce cri d’alarme poussé par le grand romancier, voici bientôt cinquante années, car l’œuvre est de 1845, et n’est-ce point le fait des esprits de haute envergure, comme était le sien, d’avoir pressenti, à l’époque où elle n’apparaissait encore que vaguement indiquée, l’importance de questions dont la solution menace d’être