Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
DE GUSTAVE FLAUBERT.

Voilà ! chaque jour ressemble à l’autre. Il n’y en a pas un qui puisse se détacher dans mon souvenir. N’est-ce pas sage ? Je vais m’occuper de régler un peu mon conte oriental ; mais c’est rude. — Je n’ai pas continué ce bon philosophe chinois ; ça m’ennuyait. Je le reprendrai dans quelque temps. On n’y trouve pas souvent de ces belles choses comme les ailes de l’oiseau. T’y exerces-tu ? J’ai lu le Cours de littérature dramatique du grand homme qui s’appelle Saint-Marc Girardin. C’est bon à connaître pour savoir jusqu’où peuvent aller la bêtise et l’impudence. Voilà encore un de ceux auxquels j’aurais fait arracher la peau et couler du plomb dans le ventre, pour leur apprendre la rhétorique. Tout le monde ici va assez bien. Adieu, réponds-moi vite.


103. À ACHILLE FLAUBERT.
Tréport, vendredi 26 [septembre 1845].

Nous voilà piétés au Tréport depuis hier soir. C’est un pays charmant, c’est-à-dire c’est une mer superbe, car le pays par lui-même est assez laid ; mais la mer, mon vieux, la mer ! Trouville est enfoncé. Nous te regrettons tous ; cela gâte un peu le plaisir que nous avons à être ici. Il y a des rochers superbes, un ciel tout bleu et presque asiatique, tant le soleil brille ; enfin nous sommes enchantés.

Le vénérable père Parain[1] reste avec nous

  1. Grand-oncle de Flaubert, voir p. xxii