l’enfant de sa fille, la couche dans sa chambre, la berce, la soigne, le plus qu’elle peut. Elle tâche de se refaire mère ; y arrivera-t-elle ? La réaction n’est pas encore venue et je la crains fort ; je suis accablé, abruti ; j’aurais bien besoin de reprendre ma vie calme, car j’étouffe d’ennui et d’agacement. Quand retrouverai-je ma pauvre vie d’art tranquille et de méditation longue ! Je ris de pitié sur la vanité de la volonté humaine, quand je songe que voilà six ans que je veux me remettre au grec et que les circonstances sont telles que je n’en suis pas encore arrivé aux verbes.
Adieu, cher Maxime, je t’embrasse tendrement.
Eh bien, pauvre vieux, encore un ! Tu n’as as eu le temps de répondre à la lettre où je te parlais de la mort de mon père, que je t’en envoie une autre où je te parle de celle de ma sœur ! La prochaine sera peut-être pour te dire celle de ma mère ! Qui sait ! Je m’attends à tout ; je suis comme un pavé de grande route : le malheur marche sur moi et piétine à plaisir.
Quel changement depuis que nous ne nous sommes vus ! Mon père parti d’abord ; puis elle ensuite, ma pauvre Caroline que j’aimais tant, dont j’étais si fier ! Tu l’as connue toi, mon bon Ernest ; nous avons joué ensemble autrefois, quand nous étions enfants. Ton souvenir est lié