nois que Français, et je ne me réjouis nullement de nos victoires sur les Arabes, parce que je m’attriste à leurs revers. J’aime ce peuple âpre, persistant, vivace, dernier type des sociétés primitives, et qui, aux haltes de midi, couché à l’ombre, sous le ventre de ses chamelles, raille, en fumant son chibouk, notre brave civilisation qui en frémit de rage. Où suis-je ? où vais-je ? comme dirait un poète tragique de l’école de Delille ; en Orient, le diable m’emporte ! Adieu, ma sultane !… N’avoir pas seulement à t’offrir une cassolette de vermeil pour faire brûler des parfums quand tu vas venir dormir dans ma couche ! Quel ennui ! Mais je t’offrirai tous ceux de mon cœur. Adieu, un long, un bien long baiser, et d’autres encore.
Je suis brisé, étourdi, comme après une longue orgie ; je m’ennuie à mourir. J’ai un vide inouï dans le cœur. Moi si calme naguère, si fier de ma sérénité, et qui travaillais du matin au soir avec une âpreté soutenue, je ne puis ni lire, ni penser, ni écrire ; ton amour m’a rendu triste. Je vois que tu souffres, je prévois que je te ferai souffrir. Je voudrais ne jamais t’avoir connue, pour toi, pour moi ensuite, et cependant ta pensée m’attire sans relâche. J’y trouve une douceur exquise. Ah ! qu’il eût mieux valu en rester à notre pre-