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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/481

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Vous prétendez que je vous traite comme une femme du dernier rang. Je ne sais pas ce que c’est qu’une femme du dernier rang, ni du premier rang ni du second rang. Elles sont entre elles relativement inférieures ou supérieures par leur beauté et l’attraction qu’elles exercent sur nous, voilà. Moi que vous accusez d’être aristocrate, j’ai à ce sujet des idées fort démocratiques. Il est possible que ce soit, comme vous le dites, le caractère des affections modérées que d’être durables. Mais vous faites là le procès à la vôtre, car elle ne l’est guère. Moi, je suis las des grandes passions, des sentiments exaltés, des amours furieux et des désespoirs hurlants. J’aime beaucoup le bon sens avant tout, peut-être parce que je n’en ai pas.

Je ne comprends pas vos fâcheries, vos bouderies. Vous avez tort, car vous êtes bonne, excellente, aimable, et on ne peut pas s’empêcher de vous en vouloir de gâter tout cela à plaisir.

Calmez-vous, travaillez, et quand je vous reverrai, accostez-moi par un grand éclat de rire en me disant que vous avez été bien sotte.