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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/61

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oui noyée, cher Ernest, en moins d’un quart d’heure, la vague l’avait emportée… Ne sachant point nager elle disparut sous les eaux et son mari resté sur le rivage à la voir baigner la vit disparaître… C’était mourir. Ce qu’il y a de plus singulier c’est qu’elle se baignait avec deux autres jeunes gens qui revinrent à terre, mais elle… y revint, mais avec un filet… elle était morte !! Juge du désespoir de son époux. Maintenant faites des projets de plaisir, qui en peut mesurer les conséquences ! témoin cette pauvre dame qui courait à la mer pour s’y amuser et y trouva la tombe. Si c’eût été une dame de notre société, qu’aurions-nous fait ?

Je te prie au nom de tout ce que tu as de plus sacré de venir me voir ou bien de m’écrire bien souvent et des lettres bien longues. Fais bien des compliments à toute ta bonne famille de la part de la mienne et de moi aussi. Adieu, cher ami, le tien jusqu’à la mort.

De retour de mon voyage je vais me mettre à caleuser[1] un peu moins. Je suis arrivé hier soir. Réponds-moi le plus tôt possible.


11. AU MÊME.
[ 29 août 1834.]
Cher Ami,

À peine ai-je reçu ta lettre que je m’empresse d’y répondre avec grand plaisir. Quant à moi je travaille, cher Ernest, tous les jours. J’avance dans

  1. Expression normande ayant le sens de fainéanter.