Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/70

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troisième révolution ; gare aux têtes, gare aux ruisseaux de sang. Maintenant on retire à l’homme de lettres sa conscience, sa conscience d’artiste.

Oui, notre siècle est fécond en sanglantes péripéties. Adieu, au revoir, et occupons-nous toujours de l’Art qui plus grand que les peuples, les couronnes et les rois, est toujours là, suspendu dans l’enthousiasme, avec son diadème de Dieu.

Mille amitiés.


18. AU MÊME.
Paris, ce 24 août 1835.
Cher Ernest,

Voilà au moins une bonne nouvelle à t’annoncer : nous arriverons jeudi soir chez tes bons parents, nous ne pouvons te dire l’heure précise, seulement nous partirons jeudi matin vers 6 ou 7 heures. Oui morbleu, nous arrivons jeudi soir chez vous et avec toute la famille, et Achille[1] encore, Achille encore, oui, lui en personne, oui, Achille, oui, tu as bien lu, tu ne t’es pas trompé, mais je vais te dire toute l’histoire. Tu sais que nous devions le laisser à Paris ; ce matin, en allant faire une visite à un médecin de Paris (M. Jules Cloquet) papa qui savait qu’il allait faire un voyage en Écosse lui proposa en riant de prendre Achille pour compagnon. L’autre le prit au mot et voilà mes gens qui vont s’embarquer au Havre le 3 ou le 4, pour courir l’étendue des trois royaumes. Achille revient avec nous à Rouen et nous allons

  1. Frère aîné de Flaubert, qui épousa quatre ans plus tard, le 1er juin 1839, Mlle Julie Lormier. Voir p. 47.