Aller au contenu

Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
DE GUSTAVE FLAUBERT.

qui traverse pour se rendre dans l’Inde, et le consul de Tripoli qui se rend à Malte avec sa famille. Nous serons, je pense, aussi bien que possible, sauf le mal de mer auquel il faut se résigner, quoique le docteur Barthélemy (un élève de M. Cloquet), le médecin même du bord, prétende qu’il réussit quelquefois à le guérir.

Clot-Bey, auquel nous venons de faire nos adieux (je t’ai dit, je crois, qu’il est à Marseille et non au Caire), nous donne quantité de lettres pour l’Égypte ; ce ne sont qu’ingénieurs, généraux, beys, pachas, etc. Il nous engage à nous dépêcher au commencement, c’est-à-dire à Alexandrie où il n’y a pas grand-chose à voir, afin de tâcher de partir du Caire avec l’expédition annuelle du miri (prélèvement de l’impôt) qui va partir pour la Haute-Égypte. Ce serait plus amusant, plus commode et plus économique ; nous voyagerions avec une armée. Quel choix ! C’est ça qui serait pompadour, maréchal de Richelieu et surtout mousquetaire gris ! Il nous a dit que pour nos communications de lettres sur le Nil ce serait assez facile, surtout pour les faire aller en France, plus que pour en recevoir. Il y a sur tous les bords du fleuve des gouverneurs auxquels nous serons adressés, dans le cas où nous irions seuls, et de place en place (jusqu’en Abyssinie même !), des médecins francs. Tu vois, pauvre mère, qu’il n’est pas possible de voyager dans de meilleures conditions ! Clot-Bey m’a l’air d’un excellent bougre dans toute la force du terme. Il ira à Paris d’ici un mois ou deux. Écris à M. Cloquet de t’en prévenir. Tu dînerais avec lui ; cela te ferait grand bien. Il te rassurerait beaucoup.