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CORRESPONDANCE

saluer autrement à cause de nos têtes. Elle a répondu qu’elle s’était pourtant aperçue que nous étions Français. Les Français doivent lui sembler de drôles de corps. N’importe, j’aime mieux être plus drôle encore et ne pas habiter l’ignoble palais où elle loge ! Est-ce laid !

Que dis-tu, en fait d’architecture, de celle du palais de l’ambassade à Constantinople, où l’architecte, ne sachant quel ordre inventer, a inventé celui de la croix de la Légion d’honneur ! Il a décoré des chapiteaux avec de grandes étoiles des braves.

Demain matin, nous partons pour Éleusis ; nous passerons sur le pont du Céphise, où jadis les femmes d’Athènes étaient engueulées, aux mystères, d’une façon si gaillarde !


277. À SA MÈRE.
Athènes, 26 janvier 1851.

Voici ma dernière lettre d’Athènes probablement ; nous partons dans quelques jours pour le Péloponèse. Je ne sais maintenant comment écrire, d’ici à mon arrivée à Naples. Ainsi, pauvre mère, attends-toi à un retard de plusieurs courriers pendant au moins un bon mois. Après quoi tu en recevras régulièrement de Naples jusqu’à ce que toute correspondance cesse ; ce sera l’époque de nos embrassements. Je t’attends à Rome vers la fin de mars. Oh ! viens plus tôt si tu veux, pauvre vieille ; tu seras bien reçue. Quant