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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/307

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

sommes rentres tranquillement chez nous. Dans quelques jours nous irons à Pœstum, ce qui est un petit voyage de trois jours.

Mercredi dernier, mercredi des cendres, le musée était fermé. (D’abord tout est fermé à Naples.) C’est fermé à cause du Carême, à cause du dimanche, parce que la reine est malade, parce qu’elle n’est pas malade, parce que le prince de Salerne se meurt ; bientôt ce sera parce qu’il est mort (car le bonhomme, dit-on, crève en ce moment). Nous avons été à Baïa, nous avons vu le lac Lucrin, l’Averne, les étuves de Néron, etc., et la place des villas où tous ces vieux menèrent leur crâne vie. Quels hommes ! Nous avons bu du Falerne dans un cabaret, en vue de la mer, sous une treille desséchée, à côté du temple de Vénus, dans lequel il y avait une barque à sec.

Depuis que nous sommes ici il a fait assez laid (relativement, bien entendu), si ce n’est le jour où nous avons été à Baïa. Aujourd’hui pourtant fait beau soleil. Les femmes sortent nu-tête en voiture, avec des fleurs dans les cheveux, et elles ont toutes l’air très garces. Il n’y a pas que l’air. À la Chiaia les marchandes de violettes vous mettent presque de force leurs bouquets à la boutonnière. Il faut les rudoyer pour qu’elles vous laissent tranquille. Du reste, belle abondance de monacaille et de curés ; un carillon de cloches aux quatre cents églises de la ville et des mendiants à tous les pavés.

Que le voyageur est un être sot ! J’étudie tous ceux qui viennent au musée. Sur cinq cents il n’y en a pas un que cela amuse, certainement. Ils y