Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
200
CORRESPONDANCE

rité au profit de la bassesse ? Adieu, toi qui tressailles aux belles choses et que j’aime tant pour les enthousiasmes que tu as, et pour tout le reste aussi.

Mille baisers partout. À toi, à toi.

Ton G.

392. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Nuit de samedi, 1 heure [21-22 mai 1853].

Sais-tu que tu m’as écrit deux lettres charmantes, superbes et avec qui j’ai eu (comme le père Babinet avec sa femme délicieuse) « le plus grand plaisir » ??? Je vais les reprendre et t’en parler (c’est une habitude que nous devrions avoir plus souvent). J’aime bien ta mine chez Mme Didier, défendant la bonne cause contre les Lamartiniens, et toute la manière dont tu me parles de cette grande source de fleurs blanches. Le portrait du sénateur Beauvau, ton chic raide chez le chevreau : tout cela est crânement troussé. Quel immense mot que celui d’Houssaye : « Auriez-vous le style de M. de Lamartine ! » Ah ! oui, ce sont de pauvres gens, un pauvre monde, et petit, et faible. Leur réputation ne dure même pas tout le temps qu’ils vivent. Ce sont des célébrités qui ne dépassent point la longueur d’un loyer ; elles sont à terme. On est reconnu grand homme pendant cinq ans, dix ans, quinze ans (c’est déjà beaucoup) ; puis tout sombre, homme et livres, avec le souvenir même de tant de tapage