Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226
CORRESPONDANCE

méthode en ces études. Je me suis moi-même franchement disséqué au vif en des moments peu drôles. Je garde dans des tiroirs des fragments de style cachetés à triple cachet et qui contiennent de si atroces procès-verbaux que j’ai peur de les rouvrir, ce qui est fort sot du reste, car je les sais par cœur.

Mais parlons de nous. Donc encore un échec, pauvre amie ! Cela m’a assez vexé, mais moins que pour l’Acropole, je l’avoue, car j’avais moins d’espoir. La première lecture n’est pas si loin qu’ils ne s’en soient rappelés et, ayant refusé une première fois, ils se devaient (toujours en vertu du respect qu’on se doit à soi-même) de refuser une seconde fois. Patience, tu auras ton jour et, après ton drame, tu feras ce que tu voudras. Mais, encore une fois, fais ton drame jouable, et tu sais ce que j’entends par là. J’aurais bien voulu être à Paris, le soir de cet insuccès, pour t’embrasser tendrement et prendre dans mes mains ta belle et bonne tête dont je sais apprécier, moi, les lignes et les casiers.

Non ! ce qui m’embête le plus profondément, ce n’est pas de ne pas être applaudi, ni compris, mais de voir les imbéciles applaudis, exaltés. Il y a dans le numéro d’hier de l’Athenaeum, une pièce de vers de Dufaï à la louange de Jasmin et de Monsieur et Madame Ancelot[1] ! Quels vers ! Ils rappellent tout à fait les vers-charge de Molière. Ce bon Dufaï ! qui fait des épîtres en l’honneur de Jasmin et faisait des satires contre Hugo ! À propos d’Hugo, la Revue de Paris se signale. L’ar-

  1. L’un poète, l’autre auteur dramatique.