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CORRESPONDANCE

La critique est au dernier échelon de la littérature, comme forme presque toujours, et comme valeur morale, incontestablement. Elle passe après le bout rimé et l’acrostiche, lesquels demandent au moins un travail d’invention quelconque.

Allons adieu. Mille bons baisers. À toi, cœur sur cœur,

Ton G.

405. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

Croisset, samedi minuit [2 juillet 1853].

Enfin ! une lettre du Grand Crocodile ! Mais j’ai mille choses à te dire et je vais les énumérer de suite pour me les rappeler : 1o lui, le suprême alligator, qui est là-bas dans ses ondes amères ; puis la Revue de Paris où il n’y a rien, Dieu merci ; cet article de Castille, le jeune Maxime, Pelletan, ma Bovary, et enfin toi, chère amie, que je réserve pour la fin comme étant le meilleur sujet à s’étendre ; passe-moi le calembour.

Je commençais à être inquiet de cet envoi qui n’arrivait pas ; mais je l’ai reçu intact et avec le bon timbre. Y était inclus à mon adresse un billet charmant et point poseur, ce qui m’a étonné, avec son portrait vu de profil. Je crois que le fils a une rage de portraits et que c’est là un moyen de les placer. N’ayant pas de modèles, il fait son père à satiété (comme Edma va être heureuse !). N’importe, c’est bien gracieux pour moi et je le garde précieusement. Comme cela m’aurait rendu fou, jadis ! J’ai lu ta lettre ; je vois qu’il ne rêve qu’à ça.