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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 3.djvu/329

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

fond, infini, multiple. Par de petites ouvertures on aperçoit des précipices ; il y a du noir en bas, du vertige. Et cependant quelque chose de singulièrement doux plane sur l’ensemble ! C’est l’éclat de la lumière, le sourire du soleil, et c’est calme ! c’est calme ! et c’est fort, ça a des fanons comme le bœuf de Leconte.

Quelle pauvre création, par exemple, que Figaro à côté de Sancho ! Comme on se le figure sur son âne, mangeant des oignons crus et talonnant le roussin, tout en causant avec son maître. Comme on voit ces routes d’Espagne, qui ne sont nulle part décrites. Mais Figaro où est-il ? À la Comédie-française. Littérature de société.

Or je crois qu’il faut détester celle-là. Moi je la hais, maintenant. J’aime les œuvres qui sentent la sueur, celles où l’on voit les muscles à travers le linge et qui marchent pieds nus, ce qui est plus difficile que de porter des bottes, lesquelles bottes sont des moules à usage de podagre : on y cache ses ongles tors avec toutes sortes de difformités. Entre les pieds du Capitaine ou ceux de Villemain et les pieds des pêcheurs de Naples, il y a toute la différence des deux littératures. L’une n’a plus de sang dans les veines. Les oignons semblent y remplacer les os. Elle est le résultat de l’âge, de l’éreintement, de l’abâtardissement. Elle se cache sous une certaine forme cirée et convenue, rapiécée et prenant eau. Elle est, cette forme, pleine de ficelles et d’empois. C’est monotone, incommode, embêtant. On ne peut avec elle ni grimper sur les hauteurs, ni descendre dans les profondeurs, ni traverser les difficultés (ne la laisse-t-on pas en effet à l’entrée de la science, où il faut prendre des