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DE GUSTAVE FLAUBERT.

c’est nous. Si tu trouves quelqu’un de sûr et d’un secret inviolable, dis-le-moi !

Je ne t’ai point parlé de son Tigre[1] ; j’ai oublié l’autre jour. Eh bien, j’aime mieux le Bœuf[2], et de beaucoup. Voici mes raisons. Je trouve la pièce inégale et faite comme en deux parties. Toute la seconde, à partir de « Lui, baigné par la flamme… » est superbe. Mais il y a bien des choses dans ce qui précède que je n’aime pas. D’abord la position de la bête qui s’endort le ventre en l’air, ne me semble pas naturelle : jamais un quadrupède ne s’endort le ventre en l’air.

La langue rude et rose va pendant.

 
Dur ! et va pendant est exagéré de tournure. Ce vers :

Toute rumeur s’éteint autour de son repos,


est disparate de ton avec tout ce qui précède et tout ce qui suit. Ces deux mots rumeur et repos, qui sont presque métaphysiques, qui sont non imaginés, me semblent d’un effet mou et lâche. Ainsi intercalé dans une description très précise, je vois bien qu’il a voulu mettre un vers de transition très calme et simple. Eh bien, alors, s’éteint est chargé, car c’est une métaphore par soi-même. Ensuite, nous perdons trop le tigre de vue avec la panthère, les pythons, la cantharide (ou bien alors il n’y en a pas assez ; le plan secondaire, n’étant pas assez long, se mêle un peu au principal et l’encombre). Musculeux, à pythons, ne me semble

  1. Les Jungles (Poèmes Barbares).
  2. Fultus Hyacintho (Poèmes Antiques).