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DE GUSTAVE FLAUBERT.

let) que celle où l’on décore les photographes et où l’on exile les poètes (vois-tu la quantité de bons tableaux qu’il faudrait avoir faits avant d’arriver à cette croix d’officier ?). De tous les gens de lettres décorés, il n’y [en] a qu’un seul de commandeur, c’est M. Scribe ! Quelle immense ironie que tout cela ! Et comme les honneurs foisonnent quand l’honneur manque ! Adieu, ma pauvre chère vieille féroce ! Tout à toi.


363. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Dimanche, 2 h [23 janvier 1853].

Pourquoi, chère Muse, m’as-tu de suite renvoyé la Paysanne sans y avoir fait les dernières corrections ? Je ne me plains pas de tout le temps que j’y ai passé, mais tu m’as fait te répéter plusieurs fois les mêmes choses, auxquelles il eût été plus simple de remédier dès l’abord.

Quoi qu’il en soit, ton œuvre est bonne. Je l’ai lue à ma mère qui en a été tout attendrie. À l’avenir seulement ne choisis plus ce mètre. C’est peut-être un goût particulier, mais je le trouve peu musical, de soi-même. Tout ce que j’en pense de bien je te l’ai déjà dit et te le redirai. C’est parfaitement composé, simple et poétique à la fois, deux qualités presque contradictoires ; il y a là dedans un grand fond. Quantité de vers naïfs et une inspiration soutenue d’un bout à l’autre. Où est la force, c’est d’avoir tiré d’un sujet