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DE GUSTAVE FLAUBERT.

probable que je ne verrai pas les baraques. Pauvre foire Saint-Romain !

Ah ! j’oubliais. Devine quel est l’homme qui habite à Dieppedalle ? cherche dans tes souvenirs une des plus grotesques balles que tu aies connues et des plus splendides… Dainez[1] !!! Oui, — il est là — retiré, ce pauvre vieux ! Il vit à la campagne en bon bourgeois, loin des mathématiques et de l’Université, ne pensant plus à l’école.

Énorme ! Juge de ma joie quand j’appris cette nouvelle. Quelle visite nous lui ferions si tu venais ! et quels petits verres, ou plutôt quel cidre doux… ! car je suis sûr qu’il brasse lui-même « pour s’occuper ».

Écoute le plus beau. Il s’est trouvé en chemin de fer avec l’institutrice et a été « très aimable », jusqu’à lui porter ses paquets et courir lui chercher un fiacre. Ils étaient vis-à-vis et il lui faisait du genou (sic). Ils ont eu (à propos de moi) une conversation littéraire. Opinion de Dainez : « Tout le monde écrit bien maintenant. Les journaux sont pleins de talent ! »

Oh ! mon Dieu ! mon Dieu !

La première fois que ma mère a vu Dainez (prononcez Dail-gnez) c’était à côté d’un poêle (dans le parloir du collège) et il était recouvert d’un carrick à triple collet, vert.

Si tu étais un gaillard, nous porterions cet hiver, tous les deux, un carrick.


  1. Ancien proviseur du collège de Rouen. Voir lettre no 98