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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 4.djvu/125

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

mieux ne pas entamer maintenant mes modiques revenus, afin de ne pas trop tirer le diable par la queue cet hiver. Et on dira que je ne suis pas un homme raisonnable ! N’importe, cette noce à Bade me passe près du cœur !

« Motus là-dessus », comme dirait Homais. Ce sont de ces saletés dont on prive le public avec plaisir. Il faut toujours faire belle contenance. Dans ce cher Paris, il est permis de crever de faim, mais on doit porter des gants, et c’est pour avoir des gants que je m’abstiens d’une distraction qui me ferait du bien à l’estomac, au cœur, et conséquemment à la tête.

Quant au Saint Antoine, je l’arrête provisoirement et, tandis que je suis à analyser deux énormes volumes sur les Hérésies, je rêve comment faire pour y mettre des choses plus fortes. Je suis agacé de la déclamation qu’il y a dans ce livre. Je cherche des effets brutaux. Pour ce qui est du plan, je n’y vois plus rien à faire. J’aurais bien besoin de tes conseils, des dramatiques surtout.

Adieu, cher vieux, je m’ennuie de toi à crever depuis que tu m’as dit que peut-être tu viendrais.


494. À LOUIS BOUILHET.
Croisset, 16 septembre 1856.

Tu as donc eu aujourd’hui, pauvre vieux ! ta première journée d’auteur dramatique[1] ! Enfin !

J’ai bien pensé à toi tout l’après-midi, et ce soir

  1. Première répétition de Madame de Montarcy à l’Odéon.