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CORRESPONDANCE

mais un esprit aussi distingué que le vôtre devrait s’en abstenir. Travaillez ! travaillez !

Voici un trait que je trouve excellent (page 114) : « Avec autant de terreur que si elle eût ignoré les faits qu’elle contenait » ; et cette phrase jetée en passant (page 124) : « Il faut avoir vécu dans une ville de province pour savoir », etc. Les pages 132-133 : fort beau. L’oubli, cette grande misère du cœur humain, qui les complète toutes, 146, sublime ! La longue lettre de Julia, écrite de son couvent, est un petit chef-d’œuvre et, de tout ce que je connais de vous, c’est incontestablement ce que j’aime le mieux. Tout ce roman de Cécile, du reste, me plaît beaucoup. Je n’en blâme que le cadre. L’ami qui écoute l’histoire ne sert pas à grand’chose. Vos dialogues, en général, ne valent pas vos narrations, ni surtout vos expositions de sentiment. Vous voyez que je vous traite en ami, c’est-à-dire sévèrement. C’est parce que je suis sûr que vous pouvez faire des choses charmantes, exquises, que je me montre si pédant. Rabattez la moitié de mes critiques et centuplez mes éloges. Ma première lettre sera remplie par mes observations sur Angélique.


535. À JULES DUPLAN.
[Croisset, mai 1857, vers le 18 ou le 20.]

Non, mon bon vieux, malgré votre conseil je ne vais pas abandonner Carthage pour reprendre Saint Antoine, parce que je ne suis plus dans ce cercle d’idées et qu’il faudrait m’y remettre, ce qui n’est pas pour moi une petite besogne. Je sais bien