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CORRESPONDANCE

2o Je vais me mettre bientôt à écrire !

Quand je dis bientôt, c’est une manière de parler, car la matière s’allonge considérablement ; à chaque lecture nouvelle, mille autres surgissent ! je suis, Monsieur, dans un dédale ! Mon plan, avec tout cela, n’avance nullement, il peut se faire qu’il se cuise intérieurement. Je suis, dans ce moment, perdu dans Pline, que je relis en entier ; j’ai encore à feuilleter Athénée et Plutarque, à lire le Traité de la Cavalerie, de Xénophon, et sa Retraite, plus cinq ou six mémoires de l’Académie des Inscriptions, et puis ce ne sera pas tout, sans doute ! Je commence à être bien harassé de notes ! Il y a au fond de tout cela une horrible venette, je tremble de m’y mettre, c’est comme pour se faire arracher une dent.

Écrivez-moi un mot pour me dire le jour et l’heure de votre arrivée, j’irai vous chercher au chemin de fer ; il y a un train qui part de Paris à 5 heures et qui arrive à 7 heures et demie.

Adieu, vieux, à bientôt.


551. À ERNEST FEYDEAU.
Croisset [août 1857, vers le 5].
Mon Vieux,

Tu es le plus charmant mortel que je connaisse ; et j’ai eu bien raison de t’aimer à première vue. Voilà ce que j’ai à te dire d’abord, et puis que je suis un serin, un chien hargneux, un individu désagréable et rébarbatif, etc., etc.