J’ai beaucoup de compliments à t’adresser. Il n’y avait pas dans ta dernière lettre une seule faute d’orthographe, et je l’ai trouvée rédigée comme par un notaire. Écris-m’en toujours de pareilles, tu me feras grand plaisir.
Comment vas-tu, mon pauvre loulou ? Qu’il y a longtemps que nous ne nous sommes vus ! Mes joues, depuis que tu n’es plus là, augmentent et durcissent, car elles n’ont plus personne pour les pétrir et les amollir à force de bécots.
Je ne manquerais pourtant pas d’occasions si je voulais, car M. Huault[1] est, depuis que vous êtes parties, venu deux fois. La dernière était hier, il est arrivé à 11 heures du matin, dans l’intention de passer toute la journée ; il venait exprès « pour me distraire ». On lui a dit que j’étais à Paris, alors il s’est rabattu sur Baptiste[2] qui ne lui a pas même offert un verre de cidre. Il est parti à jeun et, je crois, peu content de l’hospitalité.
Il s’est beaucoup informé de toi.
Je n’ai vu aucune de tes amies, ni ces demoiselles Raymond, ni Palmyre, ni Hortense[3]. Mais je sais qu’elles vont bien.