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DE GUSTAVE FLAUBERT.

tu es tout entier à ta pièce[1], ce qui est vrai, et qu’une comédie servira mieux « les Français » qu’une ode. Ce serait, selon moi, une canaillerie politique et une cochonnerie littéraire. Je défie qui que ce soit de faire là-dessus rien de passable. Laisse de semblables besognes à Philoxène et à Théo. Je t’embrasse. À toi.

Encore une fois et mille fois, non !

P. S. — Quand même ça servirait au commerce de Carthage, non !


636. À LOUIS BOUILHET.
[Paris] Vendredi, la nuit, 15 mars 1860, 1 heure.

Et de même que je te garde une gratitude éternelle pour m’avoir empêché de consentir à ce qu’on fît une pièce avec la Bovary, tu me remercieras pareillement de t’avoir ouvert les yeux sur la chose en question.

Elle me trouble et « je reviens à la charge ». Peut-être te suis-je à charge ?

Ce n’est pas là une bonne entrée pour les français. Au contraire. Qu’est-ce que ça leur fait, aux sociétaires ? Je comprends l’idée de Thierry en sa qualité d’homme officiel, et, à sa place, j’en eusse fait tout autant. Mais en acceptant tu t’abaisses et, tranchons le mot, tu te dégrades. Tu perds ta balle de « poète pur », d’homme indépendant. Tu es classé, enrégimenté, capturé. Jamais de poli-

  1. L’Oncle Million.