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CORRESPONDANCE

650. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset] Dimanche, 5 août [1860].

Je commençais à trouver le temps long, et je me demandais si tu n’étais pas resté collé au fond de l’anus d’un môme oriental, quand est survenue ton épître. Tu négliges trop la calligraphie, j’ai eu du mal à te lire. Ne te fâche pas, et taille tes plumes.

Tu m’as l’air, mon bon, de te la passer douce. Continue, profite, f…-toi des bosses de toutes sortes, et reste là-bas le plus longtemps qu’il te sera possible. Tu regretteras les bottes de maroquin rouge et les c… sans poil.

Mais puisque tu y es, va le plus loin possible. File à Tuggurt, de Constantine cela est très facile. Si, chemin faisant, tu découvres quelque facétie idoine à être intercalée dans Salammbô, fais-en part à ton ami.

Quand crois-tu que Paris te repossédera ?

Nous ne nous verrons pas énormément, cet hiver. J’irai « dans la moderne Athènes » au mois de novembre, pour la pièce de Bouilhet ; puis je reviendrai ici, seul, abattre le plus de pages que je pourrai, car je voudrais que 1861 vît la fin de mon sacré roman. Je finis le chapitre viii (j’en aurai encore six !) Ma Bataille du Macar est terminée, provisoirement du moins, car je n’en suis pas satisfait, c’est à reprendre, cela peut être mieux.

En fait de nouvelles littéraires, je n’en sais qu’une qui va te réjouir. La pièce de l’académicien Ponsard est tombée honteusement, tombée