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DE GUSTAVE FLAUBERT.

692. À JULES DE GONCOURT.
Croisset, vendredi [début d’octobre 1861].

Vous êtes bien gentil, mon cher Jules, de m’avoir envoyé ces bougreries puniques. Elles doivent avoir été rapportées par le major Humbert. Je connaissais les poissons et le vase. Mais la troisième (les trois jambes dansant sur un taureau) me fait le plus grand plaisir, bien que je n’y comprenne goutte. Espérons que je trouverai le moyen de l’intercaler quelque part.

Puisque vous vous intéressez à cet interminable travail, je vais vous en donner des nouvelles. Il me reste encore à écrire la fin d’un chapitre ; 2o  le chapitre xiv, et 3o  le chapitre xv qui sera très court. Bref, j’espère en être débarrassé dans le courant de janvier et je vous dirai bassement que j’aspire à cette époque avec une grande violence. Je n’en peux plus ! Le siège de Carthage que je termine maintenant m’a achevé, les machines de guerre me scient le dos ! Je sue du sang, je pisse de l’eau bouillante, je chie des catapultes et je rote des balles de frondeurs. Tel est mon état.

Et puis, je commence déjà à être las de toutes les stupidités qui seront dites à l’occasion de ce livre, à moins qu’il ne tombe à plat, chose possible. Car où trouver des gens qui s’intéressent à tout cela ?

Mes intentions sont du reste louables. Ainsi, je suis parvenu dans le même chapitre à amener suc-