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CORRESPONDANCE

461. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Jeudi, 2 heures.

Je n’ai que le temps de t’envoyer une partie de l’envoi du Crocodile, car je viens d’égarer, sur ma table, deux pièces de vers détachées de son volume. Je me hâte, à cause de la lettre à Villemain. Je pense qu’il te sera agréable de l’avoir demain vendredi, jour de l’Académie.

J’ai une lettre pour Me d’Aunet, énorme. On voit des imprimés à travers. Il faut que je fasse une enveloppe, car le grand homme a un système des plus incommodes pour une correspondance de cette nature. Aucune enveloppe ordinaire ne peut recouvrir ses lettres. Il me cadotte de deux discours politiques fort piètres de fond et de forme. Décidément, il tourne au ganachisme avec ses rabâchages perpétuels. Je te les enverrai.

Il y avait aussi un discours de Ribeyrolles[1] que je n’ai pas lu. Mon lit était semé de papiers (j’avais en outre une longue lettre de Bouilhet). Je crois que ce discours a été balayé aux ordures. Je le fais rechercher. Je viens de dénicher les vers. Il se fout de moi, le grand homme : il m’appelle « cher et honorable concitoyen ».

Je voulais t’écrire ce soir ou demain. Envoie-moi un mot de réponse à ceci. Je t’écrirai un de

  1. Polémiste ardent, défenseur du régime démocratique. Exilé après le coup d’État, il se fixa à Jersey et se lia avec Victor Hugo.