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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1083. À GEORGE SAND.
3 décembre 1869.
Chère bon Maître,

Votre vieux troubadour est fortement dénigré par les feuilles. Lisez le Constitutionnel[1] de lundi dernier, le Gaulois[2] de ce matin, c’est carré et net. On me traite de crétin et de canaille. L’article de Barbey d’Aurevilly (Constitutionnel) est, en ce genre, un modèle, et celui du bon Sarcey, quoique moins violent, ne lui cède en rien. Ces messieurs réclament au nom de la morale et de l’Idéal ! J’ai eu aussi des éreintements dans le Figaro[3] et dans Paris par Cesena et Duranty. Je m’en fiche profondément ! ce qui n’empêche pas que je suis étonné par tant de haine et de mauvaise foi.

La Tribune[4], le Pays[5] et l’Opinion nationale[6] m’ont en revanche fort exalté… Quant aux amis, aux personnes qui ont reçu un exemplaire orné de ma griffe, elles ont peur de se compromettre et on me parle de tout autre chose. Les braves

  1. L’Éducation sentimentale, par Barbey d’Aurevilly (Constitutionnel, 29 novembre 1869).
  2. L’Éducation sentimentale, par Sarcey (Le Gaulois, 3 décembre 1869.)
  3. Le Figaro du 20 novembre 1869, par Amédée de Cesena.
  4. Causerie [sur L’Éducation sentimentale], par Émile Zola (La Tribune du 28 novembre 1869).
  5. Petite Gazette, par Paul de Léoni (Le Pays, 26 novembre 1869).
  6. Revue littéraire, par J. Levallois (L’Opinion nationale, 22 novembre 1869).