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CORRESPONDANCE

J’étais bien sûr que Mme Sand n’avait voulu faire aucun portrait : 1o par hauteur d’esprit, par goût, par respect de l’Art, et 2o par moralité, par sentiment des convenances, et aussi par justice.

Je crois même, entre nous, que cette inculpation l’a un peu blessée. Les journaux, tous les jours, nous roulent dans l’ordure, sans que jamais nous leur répondions, nous dont le métier, cependant, est de manier la plume ; et on croit que pour faire de l’effet, pour être applaudis, nous allons nous en prendre à tel ou à telle ? Ah ! non ! pas si humbles ! Notre ambition est plus haute et notre honnêteté plus grande. Quand on estime son esprit, on ne choisit pas les moyens qu’il faut pour plaire à la canaille. Vous me comprenez, n’est-ce pas ?

Mais en voilà assez. J’irai vous voir un de ces matins. En attendant ce plaisir-là, chère Madame, je vous baise les mains et suis tout à vous.


1094. À GEORGE SAND.
[20 mars 1870].
Chère Maître,

Je viens d’envoyer votre lettre (dont je vous remercie) à Mme Cornu, en l’insérant dans une épître de votre troubadour où je me permets de dire vertement ma façon de penser.

Les deux papiers seront mis sous les yeux de la Dame et lui apprendront un peu d’esthétique.