pauvre loulou, tu courais au milieu du gazon, couverte d’un tablier blanc. Je deviens trop scheik ! Je m’enfonce à plaisir dans le passé, comme un vieux ! Parlons donc du présent !
Ton mari doit être soulagé. On vient d’administrer à « nos frères » une raclée sérieuse ! Je serais bien surpris que la Commune prolongeât son existence au delà de la semaine prochaine. L’assassinat de Pasquier[1] m’a ému. Je le connaissais beaucoup : c’était un ami intime de Florimont, un camarade de ton oncle Achille, un élève du père Cloquet et un cousin-germain de Mme Lepic.
Duval, le pêcheur, m’a apporté ce matin cent francs en donnant congé de sa maison pour la saint-Michel prochain, — ou prochaine ?
Quoi encore ? Il passe beaucoup de bateaux sur la rivière. On dit que les Prussiens quitteront le département le 14 de ce mois ; mais j’attends qu’ils soient partis tout à fait, avant d’entreprendre aucune réparation dans le logis.
Ton mari m’avait l’air bien tourmenté par ses affaires, quand je suis parti. Par contre-coup, elles m’inquiètent. Je serais bien content de savoir que ses ennuis diminuent. Il me semble que, maintenant, la fin du trouble général n’est pas éloignée.
Comment va ta grand’mère ? Le dentiste de Dieppe est-il parvenu à la soulager ? Embrasse-la bien fort pour moi.
Mes tendresses à Putzel ! Il m’en ennuie, ainsi que de ses parents.
- ↑ Chirurgien militaire fusillé par les communards.