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CORRESPONDANCE

coup ? Si vous le pouvez, écrivez-moi de longues lettres. Quant à aller à Bourbonne, essayez-en.

Allons, adieu. Quand nous reverrons-nous ? J’irai à Paris-Dahomey dès qu’on pourra y entrer.


1171. À GEORGE SAND.
[Croisset, 29 avril 1871.]

Je réponds tout de suite à vos questions sur ce qui me concerne personnellement. Non, les Prussiens n’ont pas saccagé mon logis. Ils ont chipé quelques petits objets sans importance, un nécessaire de toilette, un carton, des pipes ; mais, en somme, ils n’ont pas fait de mal. Quant à mon cabinet, il a été respecté. J’avais enterré une grande boîte pleine de lettres et mis à l’abri mes volumineuses notes sur Saint Antoine. J’ai retrouvé tout cela intact.

Le pire de l’invasion pour moi, c’est qu’elle a vieilli de dix ans ma pauvre bonne femme de mère. Quel changement ! Elle ne peut plus marcher seule et elle est d’une faiblesse navrante. Comme c’est triste de voir les êtres qu’on chérit se dégrader peu à peu !

Pour ne plus songer aux misères publiques et aux miennes, je me suis replongé avec furie dans Saint Antoine, et si rien ne me dérange et que je continue de ce train-là, je l’aurai fini l’hiver prochain. J’ai joliment envie de vous lire les soixante pages qui sont faites. Quand on pourra recirculer sur les chemins de fer, venez donc me voir un peu.