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DE GUSTAVE FLAUBERT.

voyage, vous m’obligerez infiniment. Autrement, je n’aurais aucune vacance, puisqu’il faut que je sois à Paris dès le 1er septembre pour imprimer mon livre, et franchement j’ai besoin de prendre l’air.

Je suis bien perplexe quant à la question de déménagement : mon pauvre petit logis me fait peine à quitter. D’autre part, je ne peux le garder ; il est trop cher, me coûte trop de voitures et sera trop loin du vôtre. Mais le déménagement va me coûter « les yeux de la tête », ma chère dame ! et puis, je n’ai pas le temps de me chercher un logement, puisque j’ai à peine le temps de faire recopier mon manuscrit. Cependant !… perplexité, embarras.

Autre sujet de fatigue :

La princesse Mathilde m’a demandé par deux fois à ce que je lui lise des fragments de mon roman. À la troisième requête, j’ai cédé, et hier je me suis mis à lire les trois premiers chapitres. Là-dessus, enthousiasme de l’aréopage impossible à décrire, et il faut que tout y passe, ce qui va me demander (au milieu de mes autres occupations) quatre séances de quatre heures chacune.

Elle a le temps de m’entendre, elle ! Elle ne repousse pas Vieux au dernier plan.

Pauvre loulou, nous allons être bien longtemps sans nous voir. Et l’hiver prochain, nous nous verrons bien peu. Tu seras à Paris, et moi tout seul là-bas, à rebûcher. Voilà la vie.

Présente mes respects à mon beau neveu et prie-le de m’envoyer mille francs. Je suis sans le sol. Embrasse-le de ma part pour le remercier, et dis-lui pour le rassurer sur mon sort que je