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CORRESPONDANCE

Au milieu de mes chagrins, j’achève Saint Antoine. Mais je suis si dégoûté des éditeurs et des journaux que je ne le publierai pas cet hiver. J’attendrai des jours meilleurs. Si jamais ils n’arrivent, mon deuil en est fait d’avance.

J’irai peut-être passer le mois de juillet à Luchon, pour y accompagner ma nièce, dont la santé me tourmente un peu.

Mais avant cela, le 23 de ce mois, j’assisterai à l’inauguration de la statue de Ronsard. Le maire de Vendôme m’a invité à y venir. Je suis curieux de voir un pays où l’on pense encore à la littérature. J’avais même eu l’intention de composer un discours à cet effet. C’eût été une belle occasion de tomber sur le muflisme moderne et d’exalter la poésie. Mais pour faire cela convenablement, la force et l’entrain me manquent.

Vous me parlez de de Goncourt que vous aimez. Vous avez bien raison ! Je ne connais pas de meilleur homme, de nature plus délicate.

C’est un vrai aristocrate, chose rare.

Adieu, ou plutôt à bientôt, Princesse.

Je vous baise les deux mains, et suis votre fidèle et dévoué.


1304. À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE.
Croisset, 5 juin 1872.

Vous m’annoncez une mort qui vous désole[1]. Je croyais vous en avoir appris une autre, celle

  1. Un ami de Mlle de Chantepie.