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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Eaux-Bonnes, et elle me paraît pleine d’inquiétude ou plutôt de désespoir. Il lui a fallu trouver de l’argent et elle ne sait pas comment faire avec son journal. Elle a peur de perdre sa place. Il y a des gens peut-être plus à plaindre que nous, ma petite dame.

À propos de malheurs, je ne t’ai pas dit que Feydeau m’avait fait la confidence entière des siens : ils sont complets et, quant à lui, je le trouve très stoïque. Il m’a navré, le pauvre garçon !

J’ai commencé mes études de médecine. Fortin[1] m’a prêté des livres. Quant à la chimie, que je comprends beaucoup moins bien, ou plutôt pas du tout, je l’ajourne. Mais il faut être enragé, et triplement phrénétique pour entreprendre un pareil livre ! Enfin, à la grâce de Dieu !

Je ne sais pas trop que te conseiller pour faire suite à Hérodote. Le mieux serait de lire maintenant Eschyle dans la traduction de Leconte de Lisle, puis des traductions de Thucydide et de Démosthène, et le plus de Plutarque possible.

Comme manuel d’histoire, pour te reconnaître dans les faits, je te conseille Thirwall (en anglais) que je possède…

[Je te loue d’avoir engagé ton mari à faire le voyage d’Elbeuf. Il faut toujours être gentleman ! jusqu’au moment où l’on casse la gueule aux gens.]

J’ai commencé à prendre des bains froids, mais qui me semblent trop froids. Aussi n’en prendrai-je pas beaucoup.

Voilà une lettre bien décousue et écrite avec

  1. Le docteur Fortin, leur voisin à Croisset.