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CORRESPONDANCE

part ; et de l’autre, je brûle de m’installer dans mon logement de la rue Murillo.

Cette lettre a été interrompue deux fois : la première, par la visite de Mme Heuzey et de sa fille qui sont venues m’inviter à dîner pour aujourd’hui, et la seconde, par la visite du citoyen Raoul-Duval, accompagné de son épouse. J’ai donc dîné aujourd’hui à Rouen (j’y retourne demain, pour dîner chez Lapierre). Tu vois que je me vautre, que je me dégrade ; cependant, j’ai refusé d’aller aux courses, dimanche dernier, et on m’avait offert une place dans la « Loge des autorités ! » Le festin chez la mère Heuzey a été des plus gais ; j’étais à côté de Mme Chauchart, mais les lumières lui vont mieux que le grand jour. En revanche, Mme Mazeline m’a semblé plus jolie que jamais. Enfin, j’étais si bien disposé que D*** ne m’a pas agacé. Quel miracle !

Comme tu as l’air de t’amuser, mon Carolo ! N’est-ce pas que c’est bon, les voyages ? Je comprends parfaitement ton envie de voir la Grèce et l’Italie. Je dirai plus, je t’engage à y céder. Tu m’as fait rire avec ta description des « lions » suédois ; j’aurais voulu voir Ernest étaler ses grâces dans des polkas échevelées ! Vous allez rester dans la tête de ces braves gens-là comme le type du chic parisien. Ils vous ont trouvé un « cachet plein de distinction », j’en suis sûr.

Je ne vois aucune nouvelle à vous narrer. La politique est au calme. On s’attend cependant à des changements ministériels, à des réformes libérales. Il faudra bien que l’Empereur en passe par là. Quant à de l’agitation, il n’y en a aucune.

Hier, sur le bateau de la Bouille, j’ai vu une