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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Je ne me monte pas du tout le bourrichon, mais en somme je suis content. Allons, encore une quinzaine, et je reverrai « ma pauvre fille » que j’aime tant.


1425. À MADAME ROGER DES GENETTES.
12 décembre 1873. Anniversaire de ma naissance.
Le 52e a sonné.
Chère Madame,

Votre vieil ami a lu hier aux comédiens du Vaudeville le Candidat, qui a paru leur faire « un grand effet ». Le premier acte a visiblement amusé. Au milieu du second acte, l’intérêt a faibli. Mais le troisième était à chaque minute interrompu par les éclats de rire et les bravos, et le quatrième a « enlevé tous les suffrages ».

Mon manuscrit est maintenant à la Censure, et les répétitions commencent la semaine prochaine. Je me torture la cervelle pour découvrir le moyen d’alléger le second acte. Il est trop tard, j’en ai peur.

De plus, Charpentier prend demain Saint Antoine, lequel paraîtra après le Quatre-vingt-treize du père Hugo. Je quitte ce vieux compagnon avec tristesse. Cependant il faut faire une fin.

Écrivez-moi. Je crève de fatigue, mais je suis très gaillard.

Pas la moindre émotion pendant la lecture, qui avait lieu sur la scène. Je m’étais coulé dans le cornet une bouteille de chambertin et deux forts petits verres. J’ai lu comme un ange.