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DE GUSTAVE FLAUBERT.

1435. À GEORGE SAND.
Samedi soir, 7 février 1874.

J’ai enfin un moment à moi, chère maître ; donc causons un petit peu.

J’ai su par Tourgueneff que vous alliez très bien. Voilà l’important. Or, je vais vous donner des nouvelles de cet excellent P. Cruchard.

J’ai, hier, signé le dernier « bon à tirer » de Saint Antoine… Mais le susdit bouquin ne paraîtra pas avant le 1er avril (comme poisson ?) à cause des traductions. C’est fini, je n’y pense plus. Saint Antoine est réduit, pour moi, à l’état de souvenir. Cependant je ne vous cache point que j’ai eu un quart d’heure de grande tristesse lorsque j’ai contemplé la première épreuve. Il en coûte de se séparer d’un vieux compagnon.

Quant au Candidat, il sera joué, je pense, du 20 au 25 de ce mois. Comme cette pièce m’a coûté très peu d’efforts et que je n’y attache pas grande importance, je suis assez calme sur le résultat.

Le départ de Carvalho m’a contrarié et inquiété pendant quelques jours. Mais son successeur Cormon est plein de zèle. Je n’ai jusqu’à présent qu’à me louer de lui, comme de tous les autres, du reste. Les gens du Vaudeville sont charmants. Votre vieux troubadour, que vous vous figurez agité et continuellement furieux, est doux comme un mouton, et même débonnaire. J’ai fait d’abord tous les changements qu’on a voulu, puis on a rétabli le texte primitif. Mais j’ai de moi-même