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DE GUSTAVE FLAUBERT.

bres dînent et boivent. Ce qu’on boit et ce qu’on mange en Helvétie est effrayant. Partout des buvettes, des « restaurations ». Les domestiques de R… ont des tenues irréprochables : habit noir dès 9 heures du matin ; et comme ils sont fort nombreux, il vous semble qu’on est servi par un peuple de notaires, ou par une foule d’invités à un enterrement ; on pense au sien, c’est gai.

Écrivez-moi souvent et longuement ; vos lettres seront pour moi « la goutte d’eau dans le désert ».

Vers le 15, je compte bien quitter la Suisse ; je resterai sans doute quelques jours à Paris.

Adieu, cher grand ami, je vous embrasse de toutes mes forces.

Votre.


1466. À GEORGE SAND.
Kaltbad-Rigi, vendredi 3 juillet 1874.

Est-il vrai, chère maître, que la semaine dernière vous êtes venue à Paris ? J’y passais pour aller en Suisse et j’ai lu « dans une feuille » que vous avez été voir les Deux Orphelines, fait une promenade au bois de Boulogne, dîné chez Magny, etc. ; ce qui prouve que, grâce à la liberté de la presse, on n’est pas maître de ses actions. D’où il résulte que le P. Cruchard vous garde rancune pour ne l’avoir pas averti de votre présence dans la « nouvelle Athènes ». Il m’a semblé qu’on y était plus bête et plus plat que d’habitude. La politique en est arrivée au bavachement !