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DE GUSTAVE FLAUBERT.

faire gagner à l’héritier de Bouilhet quelques sous, je suis bien obligé d’en passer par là. Je garde, pour vous en faire le récit, quand nous nous verrons, deux ou trois jolies anecdotes à ce propos. Pourquoi le théâtre est-il une cause générale de délire ? Une fois qu’on est sur ce terrain-là, les conditions ordinaires sont changées. Si on a eu le malheur (léger) de ne pas réussir, vos amis se détournent de vous. On est très déconsidéré. On ne vous salue plus ! Je vous jure ma parole d’honneur que cela m’est arrivé pour le Candidat. Je ne crois pas aux conjurations d’Holbachiques ; cependant tout ce qu’on m’a fait depuis le mois de mars m’étonne. Au reste, je m’en bats l’œil profondément et le sort du Sexe faible m’inquiète moins que la plus petite des phrases de mon roman.

L’esprit public me semble de plus en plus bas. Jusqu’à quelle profondeur de bêtise descendrons-nous ? Le dernier livre de Belot[1] s’est vendu en quinze jours à huit mille exemplaires, la Conquête de Plassans de Zola à dix-sept cents en six mois, et il n’a pas eu un article ! Tous les idiots du lundi viennent de se pâmer sur Une Chaîne de M. Scribe !… La France est malade, très malade, quoi qu’on dise ; et mes pensées, de plus en plus, sont couleur d’ébène.

Il y a pourtant de jolis éléments de comique : 1o  l’évasion Bazaine avec l’épisode de la sentinelle ; 2o  l’Histoire d’un diamant, du sieur Paul de Musset (voir la Revue des deux Mondes du 1er  septembre) ; 3o  le vestibule de l’ancien établissement de Nadar,

  1. Les mystères mondains, 3 volumes.