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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Est-ce fini, l’emménagement ? Je m’imagine que non et que je ne verrai pas ma pauvre fille avant la fin de la semaine.

Laporte n’est pas venu déjeuner aujourd’hui ; il n’avait pas promis de venir, du reste. C’est égal, ç’a été une petite déconvenue, et mon dimanche n’est pas gai. La Seine est houleuse, le vent souffle, les nuages roulent, Putzel dort sur mon divan. Voilà tout, pauvre chérie.

J’ai fait hier une très longue course, le long de l’eau, et je ne m’en suis pas bien trouvé, car je me suis endormi de bonne heure et, dès 5 heures du matin, j’étais réveillé.

Comme je suis fatigué de penser à ces maudites affaires, et de ne pouvoir penser à autre chose !

L’expression : « je m’ennuie à crever » me paraît faible pour décrire mon état. Je n’avais pas l’idée d’une situation pareille. Du matin au soir, je me répète : « Que faire ? que faire ? » et je ne trouve rien.

J’accepterais tout sans murmure si je pouvais écrire.

Je crois que ces messieurs de la Suède ont pris la résolution de ne pas répondre du tout et de laisser aller les choses. Mais, à la fin du mois, qu’en sera-t-il ?

Ah ! n’en parlons plus !

Comme tu m’as promis de m’adresser un télégramme en cas de bonne nouvelle, je guette l’homme du télégraphe ; mais il ne vient pas !

Adieu, ma chère Caro. Sois toujours vaillante et aime

Ton pauvre Vieux.