prends un bain de mer. Hier nous avons été voir un pardon aux environs (à Pont-Aven). Aujourd’hui j’ai passé tout l’après-midi au vivier, où j’ai vu deux homards changer de carapace.
Tantôt, à midi, Pouchet et moi, nous avons envoyé à M. et Mme Sabatier[1] un petit mot d’affection par le télégraphe. Il leur sera parvenu avant la visite que tu dois leur avoir faite : de cette manière-là tu auras de mes nouvelles. Concarneau est un charmant pays. Quelles bonnes vacances j’y passerais si j’avais l’esprit libre et le cœur desserré ! Tout m’y rappelle le Trouville du bon vieux temps.
Si je n’avais pas de difficulté matérielle à écrire, je t’en ferais une description. Quand mes pauvres nerfs seront-ils un peu raffermis ? Ah ! ton pauvre vieux bonhomme d’oncle est bien démoli, ma chère enfant. Ma lettre ne partira que demain matin, à 8 heures, et ne doit pas t’arriver avant après-demain jeudi, dans l’après-midi. Ainsi je ne puis avoir de réponse à cette lettre avant dimanche, à 4 heures du soir ! Dis-moi si je ne me trompe pas dans mon calcul.
Julio s’est-il consolé de mon absence ? Donne-lui un baiser sur le front, de ma part.
As-tu repris la peinture ?
J’ai rêvé de Croisset toute la nuit dernière.
Ma pensée ne vous quitte pas.
Adieu, pauvre chat, je t’embrasse tendrement.
Ton vieux.
- ↑ L’amie de Mme Commanville, Frankline Grout, dont il est très souvent question dans ces Lettres à sa nièce, venait d’épouser Auguste Sabatier, le savant professeur de théologie de la Faculté de Strasbourg.