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CORRESPONDANCE

tissement pour le public dont je fais partie. Il a dû se passer dans les couloirs de l’Assemblée des dialogues inouïs de grotesque et de bassesse. Le xixe siècle est destiné à voir périr toutes les religions. Amen ! Je n’en pleure aucune.

À l’Odéon, un ours vivant va paraître sur les planches. Voilà tout ce que je sais de la littérature.


1564. À GEORGE SAND.
[Paris, décembre 1875, après le 20].

Votre bonne lettre du 18, si tendrement maternelle, m’a fait beaucoup réfléchir. Je l’ai bien relue dix fois, et je vous avouerai que je ne suis pas sûr de la comprendre. En un mot, que voulez-vous que je fasse ? Précisez vos enseignements.

Je fais tout ce que je peux continuellement pour élargir ma cervelle, et je travaille dans la sincérité de mon cœur. Le reste ne dépend pas de moi.

Je ne fais pas « de la désolation » à plaisir, croyez-le bien, mais je ne peux pas changer mes yeux ! Quant à mes « manques de conviction », hélas ! les convictions m’étouffent. J’éclate de colère et d’indignations rentrées. Mais, dans l’idéal que j’ai de l’Art, je crois qu’on ne doit rien montrer des siennes, et que l’artiste ne doit pas plus apparaître dans son œuvre que Dieu dans la nature. L’homme n’est rien, l’œuvre tout ! Cette discipline, qui peut partir d’un point de vue faux, n’est pas facile à observer. Et pour moi, du moins,