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DE GUSTAVE FLAUBERT.

livrer à des plaisirs désordonnés… et encore !

Donc, j’en ai fini avec le Sexe faible, qui sera joué — telle est du moins la promesse de Carvalho — en janvier, si l’Oncle Sam, de Sardou, est rendu par la Censure ; dans le cas contraire, ce serait en novembre.

Comme j’avais pris l’habitude, pendant six semaines, de voir les choses théâtralement, de penser par le dialogue, ne voilà-t-il pas que je me suis mis à construire le plan d’une autre pièce, laquelle a pour titre : le Candidat ? Mon plan écrit occupe vingt pages. Mais je n’ai personne à qui le montrer. Hélas ! Je vais donc le laisser dans un tiroir et me remettre à mon bouquin. Je lis l’Histoire de la médecine, de Daremberg, qui m’amuse beaucoup, et j’ai fini l’Essai sur les facultés de l’entendement, du sieur Garnier, que je trouve fort sot. Voilà mes occupations. Il paraît se calmer. Je respire !

Je ne sais si à Nohant on parle autant du Schah[1] que dans nos régions. L’enthousiasme a été loin. Un peu plus, on l’aurait proclamé empereur. Son séjour à Paris a eu, sur la classe commerçante, boutiquière et ouvrière, une influence monarchique dont vous ne vous doutez pas, et messieurs les cléricaux vont bien, très bien même.

Autre côté de l’horizon, les horreurs qui se commettent en Espagne ! De telle sorte que l’ensemble de l’humanité continue à être gentil.


  1. La réception grandiose du schah de Perse à Paris donna lieu, en effet, à quelque effervescence dans le milieu monarchique. L’empressement de la population à acclamer le souverain autocrate marquait, pour certains, une disposition politique du pays à ne pas méconnaître.