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CORRESPONDANCE

l’œil et j’ai eu jusqu’à hier soir 10 heures (heure à laquelle je me suis couché) un abominable mal de tête, à crier ! Il m’est impossible, maintenant, d’aller en chemin de fer ! C’est une maladie qui devient gênante ! Heureusement que j’en ai maintenant pour deux grands mois avant de revoir une gare, car je ne retournerai pas à Paris avant la fin du Candidat. Si, après l’Oncle Sam, le Candidat n’est pas terminé et bien terminé, Carvalho jouera le Sexe faible sans aucun changement, c’est convenu. Mais tout le monde se range à l’avis de Carvalho, surtout d’Osmoy. Ce grand patriote viendra me faire une visite après que le grand événement sera passé.

J’ai vu, la semaine dernière, beaucoup de monde, énormément de monde. Et ma conclusion est que : on a peur de la monarchie. En admettant qu’elle passe, ce ne sera qu’à une majorité de cinq à six voix. Or, comme d’ici au jour de l’an il y aura treize élections radicales, la Chambre renverserait le roi. Ce serait charmant ! De plus, l’armée est républicaine et bonapartiste. Messieurs les militaires se flanqueraient des coups de fusil, etc. Bref, ce serait déplorable ! Mais Henri V (qui jusqu’à présent n’a fait aucune concession, quoi qu’on dise) sera enfoncé et nous aurons dès le lendemain un ministère Centre gauche. Il y a des jours où je brûle d’être journaliste, pour épancher ma bile, ou plutôt pour dire ce qui me semble la Justice.

La légitimité n’est pas plus viable que la Commune. Ce sont deux âneries historiques.

Au reste, je me suis assez amusé dans la contemplation de la sottise humaine pendant huit