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CORRESPONDANCE

1722. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, dimanche 3 heures, 9 décembre 1877.

Le brouillard blanchit mes vitres, comme une décoction de chaux. Pas un bruit, pas un souffle. Julio dort sur mon tapis et je viens de finir mes notes sur l’archéologie celtique. Ouf ! à 5 heures je vais prendre ung bain pour tâcher de calmer Monsieur et faire qu’il puisse dormir. Mercredi prochain, anniversaire de ma naissance, Valère viendra dîner avec moi. Il apparaîtra par le bateau de 2 heures et nous travaillerons ensemble tout l’après-midi et toute la soirée. Il m’est fort utile pour le classement des notes qui figureront dans le second volume de Bouvard et Pécuchet. M’occupent-ils, ces deux imbéciles-là ? Quelle pioche ! Par moments je me sens comme broyé sous la masse de ce livre ! Je ne crois pas être arrivé au point que je voulais, dans trois semaines. N’importe ! Je serai à Paris, au jour de l’an, pour embrasser ma pauvre fille.

Ta lettre de ce matin m’a fait plaisir. Tu m’y parais de meilleure humeur. Comment ! Dans la même semaine Opéra, Opéra-Comique, et Conservatoire ! Voilà une existence !…

Un de ces jours — quand ? je n’en sais rien, — j’irai à Rouen pour reporter des livres à la Bibliothèque et je ferai une visite à l’Hôtel-Dieu. J’irai voir aussi l’Ange Mme Lapierre dont je n’ai pas entendu parler depuis notre dîner. Du reste, les Anges m’occupent très peu.

As-tu des révélations de mon disciple ? Quel drôle de petit bonhomme !…