Vous vivez dans un enfer de m…, je le sais, et je vous en plains du fond de mon cœur. Mais de 5 heures du soir à 10 heures du matin tout votre temps peut être consacré à la muse, laquelle est encore la meilleure garce. Voyons ! Mon cher bonhomme, relevez le nez ! À quoi sert de recreuser sa tristesse ? Il faut se poser vis-à-vis de soi-même en homme fort ; c’est le moyen de le devenir. Un peu plus d’orgueil, saprelotte ! Le « Garçon » était plus crâne. Ce qui vous manque, ce sont les « principes ». On a beau dire, il en faut ; reste à savoir lesquels. Pour un artiste, il n’y en a qu’un : tout sacrifier à l’Art. La vie doit être considérée par lui comme un moyen, rien de plus, et la première personne dont il doit se f…, c’est de lui-même.
Que devient la Vénus rustique ? Et le roman dont le plan m’avait enchanté ?
Si vous voulez vous distraire, lisez le Diomède de mon ami Gustave Claudin, et ne lisez pas ce que je viens de lire aujourd’hui : Politique tirée de l’Écriture sainte, par Bossuet. L’aigle de Meaux me paraît décidément une oie.
Je me résume, mon cher Guy : prenez garde à la tristesse. C’est un vice. On prend plaisir à être chagrin et, quand le chagrin est passé, comme on y a usé des forces précieuses, on en reste abruti. Alors on a des regrets, mais il n’est plus temps. Croyez-en l’expérience d’un scheik à qui aucune extravagance n’est étrangère.
Je vous embrasse tendrement.
Votre vieux.
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