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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mon abominable bouquin avance. Je suis maintenant dans la politique (théorique) et dans le socialisme. Après quoi mes bonshommes essaieront de l’amour ! Bref, dans un an je ne serai pas loin de la fin et il me faudra encore six mois pour le second volume, celui des notes. L’œuvre peut paraître dans deux ans. Je voudrais être au mois de mai pour vous lire les chapitres iii à vii. Mais je vous préviens que si nous sommes encore dérangés par la demoiselle qui chante, je l’occide, ou lui baille un coup de poing.

Mes vacances se sont bornées à quelques jours passés au Trocadéro et à Saint-Gratien. J’ai aussi été à Étretat voir une vieille amie d’enfance, Mme de Maupassant. Elle a une maladie pareille à la vôtre. Toute lumière la fait crier de douleur, de sorte qu’elle vit dans les ténèbres. Encore un petit coin folâtre. C’est chez elle que j’ai lu le Journal d’une femme du bon Feuillet. Je ne connais rien d’aussi idiot. Est-ce assez pauvre, mon Dieu ! assez piètre et faux ! Quel drôle d’idéal ! Ça fait chérir l’Assommoir. Après tant de patchouli on a besoin de se débarbouiller dans du purin. À propos de choses accentuées, je vous recommande un roman fait par un « jeune », dans lequel il y a vraiment du talent, bien que la donnée soit impossible : la Dévouée, par Hennique.

Quant au père Hugo, ce qu’on m’en a dit est contradictoire, Jourde (du Siècle) en mal et Léon Gouzier en bien. Ce qui m’étonne, c’est qu’il ait pu résister à son logement, où, le soir, on crève de chaleur et d’asphyxie. Beaucoup prétendent qu’on ne le reverra pas à Paris, ce qui me désolerait. Le tête-à-tête avec lui est une