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CORRESPONDANCE

tement que de ne pas se voir ! Mais quand nous verrons-nous ?

Voici le mot pour Banville ; Vous serez bien reçu ; c’est un très galant homme. Tâchez d’avoir le plus de feuilletonnistes possible. Il faut que Zola et Alphonse Daudet viennent à votre première. Connaissez-vous Lapommeraye ? Je pourrai vous recommander. Prévenez-moi à temps.

Laporte m’a quitté hier et reviendra lundi.

Je vous embrasse.

Votre vieux.


1803. À SA NIÈCE CAROLINE.
Dimanche, 1 heure [février 1879].

L’île en face est couverte d’eau. Le vent remue les flots. Le soleil de temps à autre paraît entre les nuages, et je regarde la rivière avec ma lorgnette. À 4 heures ½ j’attends le bon Laporte. Demain on me met ma botte en dextrine. Senard me confectionne une paire de béquilles, et mardi je me lèverai ; mais il ne faut pas que je m’attende à descendre l’escalier avant quinze jours. Si je posais mon pied à terre, l’os traverserait ma peau, paraît-il.

J’irais très bien si je n’avais des démangeaisons abominables par tout le corps. C’est une petite affection nerveuse, dit Fortin. Ça m’empêche de dormir ! Malgré tout, je reste « un petit père tranquille ». Dans mes insomnies, je ne songe qu’aux maudites affaires !!! et à l’avenir ! Quel supplice que cette incertitude ! C’est si loin de la manière