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DE GUSTAVE FLAUBERT.

plaisir. Qu’est-ce que maboule, poivrots, bibines, godinette, du tape à l’œil, etc. ? Pourquoi dire des frusques, au lieu de hardes ou habits ?

Je tombe au hasard, en vous relisant, sur les pages 2 et 6 : « Allons Caroline… » une autre et bien d’autres la valent, et, comme celle-là, sont d’un grand style. Est-ce le même homme qui a écrit tout à l’heure tant d’argot inutile ?

Une esthétique se révèle dans cette pensée, page 152 : « que la tristesse des giroflées séchant dans un pot, lui paraissait plus intéressante que le sourire ensoleillé des roses », etc.

Pourquoi ? Ni les giroflées, ni les roses, ne sont intéressantes par elles-mêmes, il n’y a d’intéressant que la manière de les peindre. Le Gange n’est pas plus poétique que la Bièvre, mais la Bièvre ne l’est pas plus que le Gange. Prenez garde, nous allons retomber, comme au temps de la tragédie classique, dans l’aristocratie des sujets et dans la préciosité des mots. On trouvera que les expressions canailles font bon effet dans le style, tout comme autrefois on vous l’enjolivait avec des termes choisis. La rhétorique est retournée, mais c’est toujours de la rhétorique. Je suis dépité de voir un homme aussi original que vous abîmer son œuvre par de pareils enfantillages. Soyez donc plus fier, nom de Dieu ! et ne croyez pas aux recettes.

Ceci dit, je n’ai qu’à admirer la conception du bouquin et ses développements. Aucun poncif, de la force partout, souvent de la profondeur.

Le père Vatard est une trouvaille. Je ne parle pas des deux sœurs, si différentes (sans que