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DE GUSTAVE FLAUBERT.

pitié de votre concierge pour ma claudication. Il m’a conseillé de ne pas tenter l’ascension de votre escalier, n’ayant guère de chances d’être reçu. J’ai été lâche ; j’en suis puni. Quant à mercredi, je ne serai plus à Paris depuis vingt-quatre heures. Voilà plusieurs fois que je refuse vos cordiales invitations, ce qui d’abord est bête pour moi, et de plus a l’air grossier. Mais l’hiver prochain sera moins sinistre, espérons-le ! et alors je prendrai ma revanche. En attendant ce plaisir-là, je vous baise les deux mains et je vous prie de croire à une affection qui ne demande qu’à s’affirmer.

Tout à vous, chère Madame.


1861. À MADAME JULES SANDEAU[1].
[Paris], lundi soir [juin 1879 ?]

Comme j’ai pensé à vous aujourd’hui ! Je ne vous ai pas quittée ! et je ne veux pas m’endormir sans vous dire combien votre peine m’afflige et comme je participe à votre douleur. Je sais ce que sont ces moments. J’ai passé par là. J’ai enseveli mes mieux aimés et je les ai baisés au front, dans leur dernier costume. Les chagrins du passé me reviennent à propos du vôtre. Si je pouvais supporter la voiture, j’irais vous voir et vous serrer les mains bien tendrement. C’était pour vous une compagnie si douce ! Ah ! je vous plains, pauvre chère amie ! Moi qui fais métier d’écrire,

  1. À la suite du décès de son fils.